Délire St. Just / Rosalie

* Habitant Paris depuis peu de temps, Antoine de Saint-Just se promène souvent dans les petites rues de Paris... avide de tout voir, comme tout provincial qui est "monté" dans la capitale.
Dans le quartier très pauvre du faubourg Saint-Antoine, il est sidéré par la misère dans laquelle vivent certains habitants... Les maisons sont délabrées, les murs sont rongés de salpêtre et d'humidité, et les habitants qu'il croise sont tous tristes, et semblent porter le poids du monde sur leurs épaules.
Des spectacles poignants comme cela, il n'y en a pas dans les campagnes du Royaume, même en période de disette...
Les larmes viennent aux yeux de Saint-Just, mais il les retient par fierté... en voyant des enfants nu-pieds, marchant sur les pavés disjoints.
Il voit soudain une toute jeune fille, qui sort d'une de ces maisons. Elle est vêtue simplement, d'une robe et d'un grand devantier blanc, mais très proprement. Et ses cheveux sont joliment noués en un catogan.
Son air modeste mais délicat et fier, ne correspond pas avec celui des autres personnes qu'il a pu croiser dans le quartier, et qui, eux, ont l(air d'avoir perdu tout espoir en un quelconque avenir.
Aussi décide-t-il de lui demander quelques renseignements... sur Paris,et ce quartier...*

"Mademoiselle ?"

*La jeune Rosalie venait de quitter sa mère, madame de Polignac afin d'éviter une noce désastreuse avec un comte de 56 ans. Elle vait peur et se demandait qui était ce jeune homme qui l'abordait.*
"Qui êtes-vous ? Vous venez de chez ma mère ?"

"Vo... votre mère ? Non, pas du tout ! Je... je ne connais presque personne ici, je ne suis parisien que depuis peu de temps !"

*Mon Dieu, pensa Saint-Just. Quel air affolé ! Elle a peur de quelque chose ou quelqu'un, j'en suis sûr !*

*Rosalie respira de soulagement, cet homme ne semblait pas dangereux.*
"Rosalie Lamorielle, enchantée !"

** Cet homme ne semblait pas dangereux !
Xpldrrr ! L'Ange de la Mort ^_^, pas dangereux !**

"Eh bien, je suis le Chevalier Antoine de Saint-Just ! Maintenant que les présentations sont faites (Il sourit...) Pouvez-vous me dire de quoi vous semblez avoir peur, Mademoiselle ?"

"Je viens de m'enfuir de chez ma mère, car elle voulait me marier à un duc âgé de 56 ans, mais moi je ne voulais pas. "
NB : Pour connaître les sentiments de Rosalie en cet instant lire "Le vide"

** L'auteur de "L'Organt" conseille vivement à tout lecteur passant par là pour lire
(ce qui est naturel pour un lecteur !)
... sérieusement, il conseille la lecture de ce poème de Rosalie, "le Vide"...**

"Mais... vous avez l'air désespéré, en effet ! Vous... n'alliez pas faire une bêtise, au moins ?!!"

"Une bêtise ? Je ne vois pas... ce que vous voulez dire... !"

"Je ne sais pas... vous jeter dans la Seine, par exemple ?
Connaissez-vous quelqu'un dans ce quartier ? Il a l'air... très pauvre !"

"Non, je ne connais personne. Mais vous savez, je n'ai rien et..."

"Ecoutez, je loge pour ma part rue des Faisans et mes propriétaires, un couple de personnes âgées, m'aime bien. Leur fille vit juste à côté de chez eux, et je suis certain qu'elle voudra bien vous loger pour une nuit...
Vous n'avez pas d'amies, qui pourraient par la suite vous héberger ?"

"Je crains bien que non monsieur, ma mère pourrait me retrouver chez les seules amie que j'ai."

"C'est juste !"

** dit Saint-Just .
"Dieu ! Que la plaisenterie est de mauvaise grâce !" **

"Alors, allons rue des Faisans ! Vous pouvez... me faire confiance, Mademoiselle ."

"Je vous remercie, monsieur de Saint Just."

"Eh bien, venez ! La rue est à un quart d'heure de marche.
Je suis tombé sur ce faubourg par hasard et... qu'il me semble y avoir de misère, ici ! Vous devez être depuis logtemps à Paris : pouvez-vous m'en dire plus sur la pauvreté de certains quartiers ?"

"Je peux vous en dire que certains ici n'ont pas mangé depuis plus de trois ou quatre jours."

"C'est horrible ! Je ne pensais pas, en venant dans une si grande ville, trouver... une telle misère."

"Oui, je vous comprends monsieur de saint Just."

"Mais... je ne sais pas si vous pouvez comprendre cela, aussi... Je suis venu à Paris... Mon ambition, je veux dire, est d'être poète mais... quand je vois des choses comme ça, des silhouettes tristes et qui ne pensent qu'à trouver un morceau de pain pour subsister... je me fiche bien, alors, de la Poésie et de la gloire... je ne voudrais que... que crier que cette misère-là ne devrait pas exister sur terre, et qu'il faut faire quelque chose..."

**Art contre "conscience politique"... l'éternel combat.**

"Je suis d'accord, mais que peut-on faire ?"

"Je ne sais pas...
Construire un monde meilleur... celui-ci tombe en ruines, comme les maisons de ce quartier...
Je ne sais pas... mais ce que je sais, c'est qu'il est impossible de rester sans rien faire, silencieux devant cette misère..."

"Je n'y arrive pas moi non plus, je suis... si triste de voir cela se produire."

"Mais... vous avez l'air épuisé, et moi je parle, je parle... Nous approchons de la rue de mes logeurs... vous allez pouvoir vous reposer !"

"Je vous remercie, monsieur. Vous êtes si gentil !"

"Ah, nous y voilà ! Au 4, rue des Faisans !"

*Un vieil homme à l'air bon est dehors, assis sur une chaise en paille. C'est le propriétaire de Saint-Just.
En quelques mots, la situation de Rosalie lui est expliquée...*

"J'ai pensé que votre fille pourrait peut-être l'héberger pour ctte nuit ? Et demain, nous chercherons une autre solution ! Elle se trouve sans toit, sans argent, sa mère est un monstre qui voulait la vendre à un vieillard pour de l'argent."

*Le logeur est aussit$ot d'accord et conduit Rosalie vers la maison de sa fille. Saint-Just lui fait ses adieux...*

"Eh bien, passez une bonne nuit !
La nuit porte conseil, dit-on ... Et ne vous tracassez pas : revenez me voir demain matin, avant onze heures, ici. Nous trouverons une solution !"