Dernière rencontre... (suite coup de foudre StJ/Oscar)

Début juin 1793...

*Elle était là, debout devant lui, dans cette chambre d'hôtel où elle lui avait donné rendez-vous...
Ce matin, Saint-Just avait reçu un court billet, signé Oscar-François de Jarjayes. En quelques lignes brèves, son "Ange blond", qu'il n'avait pas revu depuis toutes ses années, lui donnait rendez-vous dans cet hôtel, en plein milieu de l'après-midi...
Il était à son bureau, lorsqu'il avait reçu le billet... et en reconnaissant l'écriture, fière, droite et aus lettres traçées de façon un peu aigues, son coeur avait battu plus fort.
Il avait tellement pensé à elle, pendant toutes ces années...! Il ne savait plus combien de fois il avait voulu lui écrire, ou simplement rechercher ce qu'elle était devenue... mais à chaque fois, il ne l'avait pas fait. Par pudeur, par fierté peut-être aussi... il ne savait même pas pourquoi, lui-même.
Et maintenant, elle était là, devant lui. Toujours aussi belle...
Elle avait toujours la même allure, les mêmes longs cheveux blonds, - même si ses vêtements étaient très différents de ceux dans lesquels il l'avait vue alors... son visage seul avait changé, s'était émacié.
Saint-Just la regardait, sans pouvoir prononcer un mot, encore...*

*elle lui tendit la main pour le saluer*

"Je suis heureuse que vous ayez répondu par votre présence à mon invitation."

"Je... je ne pouvais que venir, en reçevant votre mot... Oscar !"

"Vous aviez formulé le voeux que nous soyons du même bord un jour ....
Ce voeux, je ne sais si vous le savez a été exhausé et à présent que tous est derrière nous...et bien je tenais à vous le faire savoir."

"Tout est derrière nous...", répète-t-il à mi-voix après elle.

*Combien je sens que c'est exact !, pense-t-il. Depuis quelque temps, j'ai le pressentiment que ma vie va bientôt se terminer... que tous ces combats, tous ces sentiments ressentis ne seront bientôt plus que le vague souvenir de mon âme, qui errera quelque part...*
*Il parvient à se ressaisir et répond à Oscar avec un pâle sourire...*

"Oui... J'ai appris votre participation aux combats du 14 juillet... J'étais alors encore en Province, et je ne suis revenu définitivement à Paris qu'en automne 1792... quand j'ai été élu député à la Convention.
Le reste, vous le savez... mes discours à la Convention et au Comité de salut public, mes actions sur le front aux Armées... Mon action pour défendre la Nation contre ses ennemis internes... j'assume pleinement ma responsabilité dans la "Terreur" ; c'était le seul moyen dont nous disposions, -le seul-, pour que vive la République que nous avons fondée, pour le bien du peuple, maintenant et dans le futur...
Voilà ma vie, ces dernières années... Oscar ! Maintenant, j'aimerais connaître la vôtre...
Vous ai-je remercié... d'avoir changé vos oipinions ? Non, excusez-moi... je suis fatigué. Mais je vous remercie de tout mon coeur d'avoir combattu dans le même camp que moi...
Racontez-moi... Qu'avez-vous fait ces dernières années ?"

"Oh et bien il n'y a rien de très glorieux je le crains Monsieur....suite au evenement du 14 juillet 1789 je n'ai pus retourner dans mes terres ..un tel affront aurait été de trop pour feu mon père.
Ne pouvant rien contre la colère du peuple de France, ne pouvant rien pour sauver la Reine, je suis parti à l'étranger, cette "République "...cette anarchie positive comme on pourait l'appeler à la chance de pouvoir tirer sur le peuple...j'ai été déçue, fortement par les changements de mon pays et je crains de l'être encore !"

"C'est ce que j'imaginais, quand je pensais à vous... J'avais deviné que la "Terreur", ces changements dans la Révolution, vous auraient déplus...
Je ne vais pas chercher à me justifier, devant vous... Me justifier de mes actes... Je suis trop fatigué pour cela, et puis... et puis je ne veux pas parler de moi, mais de VOUS, Oscar.
Vous étiez à l'étranger ces derniers temps ? Où cela ? Y étiez-vous... seule ?"

"Où ?! Ha vous allez rire ...en Autriche !"

*elle prefera ne pas répondre au autre questions*

"En Autriche ?
Pourquoi devrais-je rire ?
Vous avez de la famille là-bas ? Pour vous héberger ?"

"En Autriche Monsieur !! Pays de l'Autrichienne comme vous la nommiez.
Mais laissons cela ! Oui en effet j'y ai de la famille."

*L'autrichienne... Sujet à éviter...
Et puis c'est du passé, tout ça...*

*Saint-Just évite quand même le regard d'Oscar en lui demandant...*

"Mais maintenant que vous êtes rentrée en France... que vous avez voulu me voir... quels sont vos projets ?"

*Oscar s'assit en face de Saint Just et penchant la tête elle ferma les yeux*

"Je crains pour vous Monsieur....qu'après ce que vous avez fait à la France..Celle-ci, vous ayant remercie vous stoppe dans votre follie...stop cette Terreur qu'elle garde avec un gout amere dans la bouche...je crains....qu'il ne faille encore voir le sang versé pour que la République soit pleinement encrée dans la France...alors..ce serait les auteurs de la première ébauche qui serait les victimes...vous entre autre Monsieur.

*elle marqua un blanc*

Je ne peut me résoudre à vous laisser à votre triste sort...j'aimerais...que vous redeveniez un peu de ce jeune homme que j'ai croisé il y a des années sur les bords de la Seine....

*elle releva les visages, le fixa les yeux brillant*

Est-ce trop vous demander ?!"

*Toujours les yeux baissés, ne pouvant pas soutenir en face ce regard, ces larmes au bord des cils et cette pitié qu'il lit dedans, il répond à mi-voix...*

"Oui. Car c'est me demander l'impossible.
Ce jeune homme que vous aviez croisé, aux bords de Seine, ... est mort.
Le poète, l'idéaliste, est mort...
Dans son propre corps, survit... (Il éclate d'un rire amer.) L'Archange de la Mort !
Vous avez entendu le surnom que tout le monde me donne, je suppose, Oscar ?"

"Oui ..je l'ai entendu ..l'Archange de la Terreur.....L'archange....je n'ai retenu que cela..l'Archange....

*elle se leva*

"je vous comprend, moi meme, je n'aurais pu accepter mais ...si il n'y avait eu ne serait ce qu'un espoir....."

*Saint-Just a à peine entendu les paroles d'Oscar... La seule chose qu'il a vu, c'est ce geste qu'elle a fait de se lever , et maintenant il a peur qu'elle parte et qu'elle se laisse seul.
Une peur panique, qui fait qu'il se lève lui aussi et qu'il se met devant elle...*

"De grâce, Oscar... Ne partez pas... maintenant, alors que nous venons juste de nous retrouver !
Ne partez pas encore..."

*Elle le regarda un peu surprise*

"Auriez vous des choses a me "raconter" ?!"

"Non... Je ne veux rien "raconter".
Je ne veux pas parler... simplement profiter un peu de votre présence.
Oscar ? Pourrais-je me reposer, quelques instants, sur votre épaule ?"

*Elle se rassit baissa les yeux*

"Faites Monsieur....faites ...."

*Saint-Just prit sa chaise et l'amena tout près de celle d'Oscar, et posa sa tête contre elle, dans le cruex de son épaule...
... cherchant dans ce contact, non une étreinte amoureuse, mais un réconfort. Un peu comme un enfant qui aurait besoin d'être consolé.
Mais lui, ce n'était pas d'un simple chagrin, mais d'une vie entière qu'il voulait être consolé. Et il savait bien que cela était impossible.
Il jugeait, sans aucune commisération à son propre égard, toutes les erreurs qu'il avait faites dans sa vie. Il voyait sa vie partir en lambeaux... Il voyait sa fin arriver avec une indifférence de glace...
Mais là, dans cet instant précis, dans cette chambre neutre, après avoir retrouvé Oscar de Jarjayes qui, apparement, lui tendait la main en lui proposant son aide, il avait besoin de cet instant de calme, au contact physique d'une personne comme elle : - c'est-à-dire une personne droite, fière et entière...*

"Merci... Oscar .
Vous savez..." (Il tenait à lui préciser cela, il ne voulait pas qu'elle imagine que les choses avaient changé sur ce point précis...)
"Vous savez... je vous aime toujours. D'amour. Vous, et personne d'autre. Durant ces années... je n'ai eu aucune autre femme, dans ma vie.
Rassurez-vous, je sais fort bien qu'un amour réel est impossible entre nous... "L'Archange" s'est condamné lui-même à rester et mourir solitaire. Je voulais simplement que vous le sachiez, que... je vous aime."

*Il poussa un soupir et se blottit encore plus sur l'épaule que lui offrait Oscar.*

*Oscar ressantant la tristesse de cet homme, le coeur meurtrit par la vie, passa son bras autour de l'épaule de Saint Just.
Certe elle n'était pas très à l'aise mais elle ressentait la tristesse de Saint Just, elle imaginait combien les épines de la vie avaient du le blesser lui, qui lors de le premiere rencontre était si ...spontané, entier.
Elle ne pu rien dire, rien répondre a cette déclaration.
Apres un silence elle dit doucement*

"Ainsi Monsieur, votre coeur n'a pas changé...."

"Mon coeur... non, puisque j'ai toujours cette capacité à aimer...
mais mon âme, elle, oui... Elle a changé du tout au tout.
JE ME SUIS TRAHI... Oui, j'ai trahi la personne que j'étais, lorsque vous m'avez vu pour la première fois. Comment pourrais-je continuer de vivre avec ça ?
C'est pour ça que... je laisserai faire mon destin. Sans mot dire. Si quelqu'un vient me tuer... il me rendra service. Je n'essaierai pas de ma défendre."

"Voyons ne dite pas cela ...*elle posa sa main sur les cheveux de Saint Just*...votre ame a peut être changé certe mais quoi de plus normal l'homme évolut et puisque vous êtes conscient de ce changement c'est que vous n'avez pas totalement changer pourquoi ne pas essayer de redevenir celui qui vous étiez, "L'Archange" ..simplement.... des arts, l'Archange des mots.
Vous me verriez peiné de vous voir partir avant moi ...."

"Non, Oscar... je ne PEUX plus vivre, ni combattre cet inconnu qui a pris ma place dans mon propre corps.
Vous me comprenez, sûrement... dans votre for intérieur ? J'en suis certain.
N'est-ce-pas vous qui, ailleurs ^_^, avez écrit que...
Aimer la Liberté plus que tout, ne jamais trahir la vérité ^_^.
Ne jamais trahir la vérité ! En me trahissant, c'est moi que j'ai trahi ! Vous comprenez ?!!"

"Oui ...je comprend, en effet ....
*elle repeta doucement la phrase*..Aimer la liberté plus que tout, ne jamais trahir la vérité....
Mais comprenez que vous me mettez dans une situation embarassante, je ne peut vous quitter sachant cela, je ne puit vous laisser ainsi, je ne le veux pas !"

*Il soupira à ses mots...*

"Vous êtes bonne, Oscar... La bonté est peut-être la plus grande qualité que puisse avoir un être humain, - une qualité que n'ont que les êtres rares et supérieures ^_^... Mais ce n'est pas de votre pitié dont j'ai besoin... Je ne vous demande qu'un petit moment ... pour nous deux... avant que je ne retourne dans ma forêt infestée de loups... (Il rit de son rire nerveux, qui remplace les larmes pour lui.)
Savez-vous le cauchemar que j'ai fait la nuit dernière, Oscar ?
J'étais dans la demeure familiale de Blérancourt, avec ma mère (Pourquoi avec elle, alors que nous n'avons jamais pu nous entendre ou simplement parler ? Mystère des rêves !). C'était la nuit, et nous devions fuir... pour échapper à une condamnation à mort. "On" (Qui ? Je ne sais...) allait venir nous chercher pour nous mener à l'échafaud... Dans mon rêve, nous fuyions par le jardin, allant de fourrés en fourrés... Mon Dieu ! J'ai revu alors chaque détail du jardin de mon enfance, ses talus et ses buissons que je pensais avoir oubliés... Nous étions sortis du domaine, lorsque nous nous trouvâmes encerclés... Ma mère, je ne sais plus comment, parvint à s'enfuir mais moi je restais là, à leur merci...
Je voyais leurs yeux jaunes, brillants dans l'obscurité, en cercle autour de moi...
Je me trouvais au milieu d'une meute de loups, prêts à tuer... Et je ne bougeais pas, je ne criais pas non plus ; immobile, j'attendais ma mort en priant pour qu'elle arrive le plus rapidement possible.
(A nouveau il rit nerveusement.) Une meute de loups !!! Oscar ? Que croyez-vous qu'ils soient d'autre, mes compagnons de la Convention ? Regardez bien Tallien, il a une "tête de loup"!
Oscar, vous ne pouvez rien faire de plus, pour moi, que de m'écouter un peu et de me laisser rester quelques moments de plus contre vous... à sentir la douceur de vos cheveux sur mon front, et à respirer le doux parfum de votre peau...
C'est plus que... je n'en avais espéré. Ce dernier contact amical...
Vous savez, personne, -Je dis bien : personne, même pendant mon enfance...-, ne m'a tenu ainsi contre lui, ni caressé mes cheveux. J'ai toujours été un... "Ange" (Il prononce le mot d'une façon un peu amère, hésitant dessus...) de solitude. Figé dans son corps de pierre, habité seulement par ses idées de poésies, puis par son ambition folle de créer un monde meilleur avec la République...
Oh, Oscar... Je n'espérais même pas que vous puissiez me comprendre, ni même... (Il hésite encore sur ces mots ; décidement, pour lui certains mots ont du mal à passer.)... ni même avoir pitié de moi."