Délire St. Just / Rosalie

"J'écrirai aussi la suite de ton feuilleton."

"Ah ben oui ! Je compte dessus pour après-demain aussi !
N'oublie pas d'y mettre de l'action ! Et une belle héroine féminine, blonde de préférence, qui apparait dans le chapître !!! Pour que le preux chevalier la sauve !!!
J'y vais ! A plus, Rosalie !!!"

*Et dans un dernier envol de cape (heureusement raccourcie, sinon re-Badaboum !), le Nanar masqué sort de la pièce...*

*Mais Rosalie n'est pas seule, et qui sort de l'arrière-cuisine ???
Son brave homme de logeur, le Papy qui avait pris Saint-Just en affection...*

*Il s'approche de Rosalie, sa cuillère en bois à la main, dressée comme un spectre royal.*

"Pauv' chtiote ! C'est-y pas malheureux... de voir ce "Nanar" vous traiter ainsi !!!
Mais vous pouvez-t'y pas lui montrer un peu de caractère, à cet égoiste ???
V'là t'y pas qu'il vous fait même écrire à sa place, piur sa gazette, maintenant !!! Alors que lui, il va passer les nuits chais pas z'où !"

"voyons monsieur, je peux bien faire ça pour lui. Il a tant à faire, le pauvre, et puis... je l'aime."

"Ah ça ! Je sais bien, ma chtiote locataire, que vous l'aimez votre Bernard !!! Il n'y a qu'à vous voir, quand vous êtes avec lui, pour s'en rendre compte !
Et c'est beau, l'amour !!! Mais...
Mais il ne faut pas que l'un fasse tous les caprices de l'autre, et se laisse faire, par amour !!!
Vous comprenez, chtiote Rosalie ?"

*Croyez-en ma vieille expérience de logeur parisien, qui en a vu des vertes et des pas mûres sous son toit !!!*

"Et que voudriez vous que je fasse ? Que ej enous prive de notre seule source de revenus ?"
*Elle eut un regard désolé.*

"Mais bien sûr que non !
Bon sang ! Il vous faudrait... remettre les idées en place à votre Bernard, qui se grise avec ce rôle de... Zorro (Anachronisme, !)... de justicier masqué (Ah, ça, ça fait nettement plus XVIIIème !!! )!
Et lui dire que, maintenant qu'il va avoir la charge d'une famille, il lui faut choisir pour une vie plus calme !
D'autant plus qu'il peut être autant utile au Peuple de ce pays, en écrivant des articles SERIEUX dans sa gazette !"

"Oui, je le sais, mais il ne m'écoute jamais. En plus on dirait qu'il se fiche de cet enfant."

"Oh, non ! Je ne pense pas qu'il se fiche d'être père !
Mais disons... que vous lui avez annoncé cela au mauvais moment, Rosalie ! Alors qu'il ne pensait qu'à son cambriolage et à cette cape qu'il fallait racourcir !
Il n'a pas encore réalisé qu'il allait être Papa et... je gage que, quand il réalisera cela, il sera fou de joie !
Croyez-en ma vieille expérience, ma chtiote !!!"

"Vous croyez ?."

"Je serais près à le parier, ma chtiote !"

*Et le Papy a raison !
Car, pendant le temps de cette conversation rue des Faisans, le "Justicier masqué à la cape raccourcie" (ça sonne bien, n'est-ce-pas ?), alors qu'il est en train de poser soigneusement quelques bougies de dynamite au coffre-fort du Duc à l'haleine de poney (ça, ça fait moins classe, hein ?), re-entend soudain dans sa tête les mots de Rosalie...
... et réalise !!!
(... qu'il va être Papa !)
Oubliant toute prudence, il se met à faire des bonds de joie dans la bibliothèque du Duc, où se trouva bien sûr le coffre-fort. En criant à pleins poumons...*

"Youpi ! Je vais être Papa ! Je vais être Papa !"

*Heureusement pour Nanar, toute la maison du Duc est occupée à regarder le feu d'artifice qu'il donne dans le jardin pour les dix ans de sa société d'assurance, "A.G.F." (Assurances des Gentils Français / Leur slogan : "Hommes des z'Amériques, venez chez moi placer votre argent !"). Il a tellemtn escroqué de pigeons qu'il a pu commander un feu d'artifice encore plus cher que ceux du château de Versailles, et, comme il est parfois sympa, il a invité tous ses domestiques à venir regarder .
Ce qui explique que Nanr soit seul dans le château, lorsque le coffre-fort fait : BOUM ! -à deux pas de sa tronche (comme il bondit partout, le hasard fait qu'il se trouvait précisément près du coffre à ce moment-là) .
Un peu noir, maintenant, de visage comme de vêtements... mais par contre carrément dégrisé... Le Justicier à la fibre paternelle naissante reprend ses esprits, réalise où il est... rafle tous les bijoux du coffre au passage (Il est venu pour ça, alors...) et court de toute la vitesse de ses jambes... vers la rue des Faisans.
Il veut voir Rosalie, bien sûr, pour l'embrasser et lui dire (à retardement, comme la dynamite) combien il est heureux qu'elle lui donne un fils dans quelques mois.*

*Nanar déboule donc, le visage tout noirci par l'explosion, dans la salle de la rue des faisans et crie à tue-tête...*

"Rosalie ! MA Rosalie !"

*P.S. Il est minuit passé ...!*

"Hmm."
*Rosalie affalée sur le canapé, ouvre un oeil.*

*Nanar la voit (Avec tous ses cambriolages, il a pris l'habitude de voir dans le noir, comme un chat de gouttière...) et il se précipite sur elle sans trop d'égards...*

"Rosalie ! Rosalie ! Je suis si heureux à l'idée d'être Papa... que j'ai tout plaqué, ce soir..."

**...sauf les bijoux du Duc ! Là, dans ma poche !...
**

"... je voulais te voir, te serrer dans mes bras... te dire merci !"

*Il serre Rosalie, en effet, dans ses bras, et approche son visage tout noir de l'explosion vers le sien, pour l'embrasser....*

*Rosalie, pas bien réveill, n'a rien entendu. Elle ne voit qu'un visage noir qui se penche sur elle et...*
"Hiaaaaaaaaa !"
*Elle recule de panique.*

*Nanar, n'ayant pas croisé un "miroir" depuis sa fuite de la maison du Duc, ne sait pas dans quel état il est... et ne comprend pas la réaction de Rosalie.*

"Eh bien, Rosalie ? C'est moi... ton Nanar !"

**Zorro est t'a-rri-vé-é-é !
Sans - s' - pré - sser -é - é !
Ben si, justement, en se pressant !!!**

"B ...Bernard ? Mais ton visage !"

"Quoi, mon visage ? Qu'est-ce-qu'il a , mon visage ?!!"

*Et qui c'est qui descend l'escalier de bois, vêtu d'une longue chemise de nuit blanche, un bonnet de nuit sur la tête et une chandelle à la main ? (car l'électricité n'existait pas) ? Devinez ? C'est...
...Papy Mouzeau !
(Mouzeau est en effet le patronyme du logeur de Rosalie et Saint-Just. Il n'y a pas de quoi rire... c'est un nom de famille comme un autre, après tout !)
Bien sûr, arrivé au rez-de-chaussée il voit cet homme tout en noir, avec le visage noirci par l'explosion et... il ne reconnaît pas son Zorro tout de suite, lui non plus, et lâche son bougeoir avec un hurlement d'effroi...*

"Aaaaaaah ! "

*Nanar ne comprend toujours pas, et pour cause : il ne peut pas voir... la tête qu'il a !*

"Et ben quoi ? Vous aussi, je vous fais peur ???!!!
(tout bas) Mais qu'est-ce-qu'ils ont, cette nuit, dans cette maison, à avoir peur pour des riens, -pour une visite un peu tardive ?
(plus haut) Vous avez les nerfs fragiles, dans cette maison !"

"On dirait que tu sors d'une cheminée !"

"Ah bon ? "

*Nanar va vérifier si ce que dit Rosalie est exact, en allant se mirer ^_^ dans une glace qui est dans la pièce .
Et là... eh bien, il se fait peur à lui-même, le Nanar et ...*

"Aaaaaaah ! "

*...pousse un hurlement d'effroi et tombe dans les pommes... Toute la bijouterie du duc ^_^ sort de ses poches, et se répand sur le sol .
Là, maintenant, la pièce est éclairée !!!*

"Bernard !"
*Munie d'un chiffon, Rosalie entreprend de laver le visage de son homme.*
"Bernard, réponds moi mon Bernard !"

*Le logeur hausse les épaules, et murmure entre ses dents...*

"Regardez-moi cette mauviette ! Qui a peur de son ombre et de son reflet dans un miroir !"

*Et le Nanar revient à lui, grâce aux bons soins de Rosalie, assez rapidement.
Il se redresse et tout de suite s'inquiète pour... le frui de son larcin, à savoir la "bijouterie du Duc", qu'il destine aux pauvres de Paris, mais que pour le moment, il lui faut cacher...*

"Rosalie ! Les bijoux... il me faut les cacher ! (Je ne suis pas en état de les distribuer aux pauvres gens cette nuit...) Un jour ou deux, c'est tout... dans ta chambre, si tu veux bien ?"