Tu dors. Je suis allongée contre toi. Soudain, je me relève et je te regarde. Tu es si calme et sereine lorsque tu dors. J’aime voir ça. Tu me parais grande, grande et puissante. Mais je sais que tu mènes bien des combats intérieurs et que je n’y peux rien. Tu me parais grande… petit à petit, tu l’es plus et de plus en plus, même. Soudain, je suis si petite que ton souffle m’attire et je me retrouve à l’intérieur. Etrange, dans ton corps, je vole. Je descends par tes voies respiratoires jusque dans tes poumons. Ouh, que c’est sale ! Il y a des cochonneries de partout. A l’aide, mon vieil ami le balai ! Et un coup de chiffon par ci, un coup de balai par là ! Tousse, éternue, vas-y, expulse-moi tout ça. Je contemple mon œuvre. Ah, que c’est beau des poumons propres. Bon, prolongeons mon ménage à tout le système respiratoire. Ah dieu que c’est beau quand c’est propre. Tiens, j’ai découvert des vermines planquées sous la poussière. Et bien, ça va dégager ! Non, mais oh ! Les squatters, moi j’aime pas ça. Badam, dehors les locataires, bye bye ! Bon allons un peu visiter le reste du corps. Direction les jambes. Ouah, dis donc, c’est du musclé ça. On voit que l’armée, ça entraîne dur ! Bon, il n’a pas l’air d’y avoir trop de soucis de ce côté-là. En même temps, tu dors. Il doit y avoir plus d’activité là-haut. Direction la tête. Oulah ! Ca fait la grève sur la route. Non, mais qu’est-ce que c’est que ça ? Ils vont voir ce que je vais leur faire moi ! Allez, on se bouge, on a un corps à protéger ! Quoi, vous n’avez pas envie ! Mais on ne vous le demande pas, votre avis. Allez, au boulot ! Quoi qu’est-ce que ça vous apporte ? Mais la notoriété ! La notoriété bien sûr ! Imaginez, vous tuez dix microbes quand votre voisin n’en tue qu’un. Vous serez le roi du système immunitaire ! Ah ben les voilà partis. Je suis la reine de la motivation, moi ! Ah Ah ! Bon, allons visiter ce cerveau. Oh tiens, tu es en train de rêver. Tu discutes avec Napoléon Bonaparte. Hé ben, t’en connais du beau monde, dis-moi ! Bon, je redescends un peu, j’ai gardé le meilleur pour la fin, le cœur… Je m’approche, je m’approche… Ouh là, des épines de partout, il est bien protégé et enfermé, dis-moi, ton cœur. M’en fiche, j’irai jusqu’au bout. Et une, et deux, et une, et deux. C’est le parcours du combattant version corps humain. Ca y est, j’arrive tout doucement au bout. Ca y est, je pénètre le sanctuaire. Et je me fige. Face à moi, dans un petit lit qui me ressemble dort… moi ou un double de moi plutôt. Mon autre moi dort, c’est toi qui disait que j’avais une place importante dans ton cœur, et bien je viens d’en avoir la preuve. Apparemment, je suis bien installée. Je fais un tour, il y a des têtes que je connais et d’autres non. Mais il y a des gens. Peu de monde, certes, mais des gens. Ton cœur n’est pas encore totalement fermé. Je m’approche de mon double, je m’allonge près d’elle. Elle dort si paisiblement, elle est bien ici dans ton cœur. Je m’allonge, moi aussi, je m’endors. Et j’entends ta voix qui m’appelle, qui me dit de me réveiller. J’ouvre les yeux, je suis cramponnée à toi comme je l’étais à mon double, la tête posée sur ton cœur qui bats doucement. Tu me souris, je te demande si ça va. Tu me dis oui, tu me dis que tu te sens bien, que je ne dois pas me faire de souci, que tu as bien dormi. Tu as vaincu la bataille, je le sais dès à présent mais tu ne l’apprendras que dans quelques jours. Je te dis que j’ai fait un rêve bien mystérieux, je ne veux pas te le raconter. Il restera mon rêve, il me donnera l’impression que j’ai pu t’aider. Alors, vas-y, bas-toi jusqu’à ce que tu entendes le signal de la victoire, et moi je resterai contre toi, te soutenant de mes bras.
A une amie chère à mon cœur, un rêve que j’ai fait.
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